« La menace de grandes zones urbaines apparaît comme une décision stratégique des talibans, qui ont accepté le carnage probable qui s’ensuivra. »
Six villes sont désormais aux mains des Talibans dans le nord-ouest de l’Afghanistan. Après Aibak, Kunduz, Taloqan ou encore Sar-e-Pul, c’est autour de Mazar-i-Sharif que l’étau se resserre. Selon l’agence Reuters, des civils et un commandant pro-gouvernemental ont promis de se battre « jusqu’à la mort » pour la défendre.
Dans les zones prises par les Talibans, Michelle Bachelet, Haut-Commissaire de l’Organisation des Nations Unies (ONU), rapporte « des informations faisant état d’exécutions sommaires, d’attaques contre des représentants actuels et anciens du gouvernement et des membres de leur famille, l’utilisation militaire et la destruction de maisons, d’écoles et de cliniques, et la pose d’un grand nombre d’engins explosifs improvisés (EEI), y compris des EEI à plaque de pression qui fonctionnent comme des mines terrestres antipersonnel ».
Deborah Lyons, représentante spéciale s’est exprimée lors du Conseil de sécurité de l’ONU. Elle fait état d’un « carnage probable » qui suivra la décision des Talibans de s’attaquer aux zones urbaines.
« La menace de grandes zones urbaines apparaît comme une décision stratégique des talibans, qui ont accepté le carnage probable qui s’ensuivra. »
Elle évoque ensuite la « population qui attend avec appréhension qu’une ombre noire passe sur l’avenir radieux qu’elle imaginait autrefois ».
« Il m’est difficile de décrire l’état d’angoisse auquel nous sommes confrontés chaque jour. Comme nous l’a dit récemment un Afghan, ‘nous ne parlons plus de préserver les progrès et les droits que nous avons acquis, nous parlons de simple survie’. Une autre femme nous a dit qu’elle regrettait parfois d’avoir éduqué sa fille car cela avait mis sa fille dans une position plus vulnérable. »
À ce sujet, Michelle Bachelet précise que « les gens craignent à juste titre qu’une prise de pouvoir par les talibans n’efface les acquis en matière de droits humains des deux dernières décennies ».
L’UNICEF déclarait hier qu’en 72 heures, au moins 27 enfants avaient été tués et 136 autres avaient été blessés. Hervé Ludovic De Lys, représentant de cette organisation, s’inquiétait également de l’embrigadement des enfants au sein des groupes armés.
« Ces atrocités sont également la preuve de la nature brutale et de l’ampleur de la violence en Afghanistan qui s’attaque à des enfants déjà vulnérables. En plus de cette situation épouvantable, l’UNICEF est également profondément préoccupé par les informations selon lesquelles des enfants sont, de plus en plus, recrutés dans le conflit par des groupes armés. »
Les troupes américaines achèveront leur retrait à la fin du mois. Si les États-Unis ont lancé des frappes aériennes afin de soutenir l’armée, ils estiment qu’il s’agit désormais du ressort des forces afghanes de défendre leur pays. « C’est leur combat », a affirmé lundi un porte-parole du Pentagone.
Dans ce contexte, l’organisation chrétienne International Christian Concern s’inquiète du sort des chrétiens afghans.
« La communauté chrétienne n’a jamais été bien accueillie dans le pays et se sent maintenant encore plus menacée alors que le retrait des troupes américaines retire une autre couche de stabilité et de sécurité. »
M.C.